Cancale, Suspendu entre ciel et mer
Cancale est fondée au VIe siècle par Saint-Méen, un moine venu du pays de Galles pour évangéliser l’Armorique. Le nom apparait d’abord sous la forme de « Cancavene », de l’ancien breton : « anse » (conq) et « rivière » (aven). Rivières qui s’assèchent avec le temps pour faire de Cancale un territoire marin. Les pêcheurs installent leurs maisons autour du port d’échouage de la Houle qui existe depuis au moins 1032. Dans ce petit port, les navires déversent chaque jour des cargaisons d’huîtres aussitôt rechargées pour les grandes villes du littoral jusqu’à Londres et Paris. La Houle connaît un fort développement au milieu du XIXe siècle.
Les huîtres de Cancale
Cancale a toujours été réputée pour ses huîtres plates sauvages et, plus récemment, pour ses huîtres creuses d’élevage. Aujourd’hui, l’ostréiculture reste d’ailleurs l’une des principales activités de la ville. La préservation des ressources préoccupe Louis XVI dès 1787 ! Pour éviter l’épuisement des ressources, le roi publie une ordonnance réglementant le dragage à une période de 15 jours autour de Pâques. Il faut s’imaginer, 200 bisquines s’élançant comme un seul homme au signal des gardes ! On appelait cela la caravane. Les bateaux déchargeaient leur pêche dans le port, et chaque tas était trié à marée basse par les femmes.
La répartition du travail
Le pays cancalais a toujours été tenu par ces femmes. Car les hommes s’embarquaient marins, pêcheurs, armateurs, corsaires. Les morutiers de Saint-Malo et de Cancale allaient jusqu’aux grands bancs de Terre-Neuve au large du Canada pour pêcher la morue. C’étaient des pêches miraculeuses qu’ils vendaient aux riches méditerranéens pour revenir les cales chargées de sel, d’huile d’olive, de savon, de pruneaux. Le sel était précieux car il servait aux salaisons permettant de conserver la matière grasse et la protéine. A leur retour, d’octobre à mars, ces hommes pratiquaient la pêche côtière, le maraîchage ou le ramassage des huîtres. Mais souvent aussi, ils ne revenaient pas.
La « Chapelle des Péris en Mer » comporte, gravés dans le marbre, les noms des marins disparus surmontés de l’inscription « Priez pour les Marins de Cancale disparus en mer ». Des avirons au milieu de bouées-couronnes portant les inscriptions « Ave Maria » et « Acte de Contrition » entourent l’accès à la Chapelle où l’on peut également voir deux tableaux représentant une bisquine et une goélette trois-mâts terre-neuva.
Les vitraux de l’église Saint-Méen évoquent des marins dans la tempête implorant protection et des scènes de pêche.